quai-des-cadavres-bocquetQuai des cadavres

Jean-Pierre Bocquet

Editions Ravet Anceau

Collection Polars en Nord

Isbn : 978-2-35973-318-1

Prix : 12,50 euros

Deux nouveaux flics ont fait, pour moi, leur apparition dans le paysage romanesque maçonnique. Ils s'appellent Max Balzer et Benahim Manhelé, dits Mac et Benah. Nous arpentons avec eux le « quai des cadavres » à Dunkerque, où, en plein jogging, Franck, un jeune marginal tout juste sorti de prison, a découvert le cadavre d'un homme, ceint d'un tabler de franc-maçon, un compas métallique planté dans le cœur, et dont des perles de sang gouttent de ses yeux ouverts sur le ciel. Tout porte à croire qu'il s'agit d'une conspiration maçonnique ... Il s'en passe, en effet, de belles dans les coulisses des loges et Jean-pierre Bocquet en profite pour pourfendre les travers de quelques frères et sœurs que nous connaissons tous, ceux pour qui la maçonnerie est une voie de substitution à une vie professionnelle, sociale ou affective ratée et qui souvent sombrent dans cette maladie incurable qu'est la « cordonite ». Pourtant ce n'est pas du coté des loges que vient la conspiration mais de mystérieux « Néphilims » issus directement du livre d'Enoch. Entre les égrégores et les noms de quelques protagonistes, comme Hobben, Oterfurt et autres mauvais compagnons, Jean-Pierre Bocquet fait toute une série de clins d'œil au lecteur averti (et initié) en jouant avec les codes et références ésotériques, qu'il manie de mains de « Maître » ( et au-delà) en même temps qu'il égraine de subtiles références littéraires. Pour autant, Jean-Pierre Bocquet n'en oublie pas de mener son intrigue « tambour battant », ménageant au lecteur quelques rebondissements à l'aide de quelques abraxas et acronymes mystérieux, entre autres...

Cette intrigue « bien ficelée » et complexe parait dans l'importante collection « polars en Nord » des éditions « Ravet—Anceau », vieille maison d'édition régionale du Nord-Pas de Calais, occasion pour le lecteur de se rappeler que l'édition ne se réduit pas à quelques mètres de trottoir dans le quartier de Saint-Germain des prés. Elle est servie par une plume alerte, vive, acérée même, et s'appuie sur une solide culture, pas seulement maçonnique, que pimente un humour subtil. A la jubilation qu'a eue l'auteur à son écriture, jubilation qui transparait à travers les lignes, correspond un vrai plaisir de lecture. Ne doutons pas que nous aurons l'occasion de retrouver les inspecteurs Mac et Benah dans de nouvelles enquêtes et c'est avec grand plaisir que nous les croiserons de nouveau, à Dunkerque ou ailleurs.... Enfin, rassurons les lecteurs : il n'est pas besoin d'avoir lu « le livre d'Enoch », quoique cela permette de connaître l'origine du fameux « égrégore » , pour se régaler de ce roman policier qui se permet, en plus, de répandre quelques vérités acquises dans le temple...

Et c'est ainsi qu'Hiram est grand !

AJL